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2020.12.31

Les impromptus tome III / décembre 2020

in : une revue qui réunit 66 artistes pour présenter un petit musée de 33 œuvres créées à quatre mains

126618035_999674673849348_404539150484968163_o.jpg    présentation vidéo

un collage de Corinne LL, un texte d'Alain de Caprile
 
 
Revue Les Impromptus tome 3
Olivia HB
Conception graphique de la revue : Gabrielle Jarzynski
 
 
 

Alain, Corinne ; interview croisée

Comment es-tu arrivé à cette co-création ?

Tout commence par un courriel début avril des Impromptus 2020. Le texte que j'ai proposé a été retenu. L'artiste en résonance est Corinne Le Lepvrier. Comment faire œuvre commune ? Partir de mon texte « TAPER CREUSER » ou de son collage proposé aux Impromptus 2020 ? Nous convenons qu'elle me propose plusieurs collages et moi je lui fais parvenir mon texte. Le 10 avril, quinze collages arrivent. Je comprends en quoi le travail de Corinne a été choisi  pour être en écho à mes mots. Je suis dans une phase de création qui correspond à des collages non point d'images mais de verbes, de verbes à l'infinitif. Le choix de l'infinitif permet de laisser au lecteur toute sa part créative. Il peut choisir le temps et la personne qu'il désire. Les collages de Corinne me procurent cette même liberté.

J’aime les listes, d’autant les listes de verbes, le mince lien qu’elles et ils entretiennent entre la réalité, le rêve aussi et l’action ; l’être à l’affût. Par ailleurs, Alain m’a dit qu’à l’origine de ses courts textes il y avait eu une musique contemporaine.

Pourquoi ce collage-ci ?

Trois des quinze collages m'ont particulièrement interpellé. Chacun fit germer des mots, des verbes à l'infinitif ouvrant plusieurs possibles. Chaque collage possède sa propre structure qui influence l'écriture. J'ai envoyé mes trois propositions à Corinne. Sa préférence alla sur ma troisième proposition. J'approuve. Des trois collages choisis c'est celui qui est le plus énigmatique. Le regard a besoin de plonger dans l'image. Il est happé par l'univers qu'il découvre, noir, obscur et pourtant une étincelle de vie, un espoir jaillit dans cet univers.

Pourquoi ce texte-là ?

C’est L la lettre, c’est EL cette sonorité d’emblée sororité. Elle c’est tout je, moi pas si seule, celle qui me fait écrire, lire, intervenir, continuer de sourire. Aussi j’ai appris ainsi la proximité de ce mot avec l’idée de dieu ; qui me happe en ces temps (pas derniers) qui ne courent plus, s’arrêtent net. Et puis quelque chose dans le texte proposé est coupé (forte présence des slashs), précis, à l'image d'une image qui serait destinée à un collage.

D'où vient ton texte ?

Face à ce collage, la Bible (dans la traduction de Chouraqui) me chuchote à l'oreille. Elohîms est le pluriel de El. C'est la première désignation de Dieu dans l'Ancien testament. EL apparaît peu à peu dans différents mots. Peut-être sommes-nous arrivés à la fin d'un cycle ? Un nouveau Big Bang s'apprête à lancer les dés pour une nouvelle Création. EterneL retour. Je veux encore espérer. J'appelle à l'aide Elohîms en espérant que les humains répondront.

D'où partent tes collages ? (images, sons,...)

Celui-ci date d’il y a quelques mois alors que je ne trouvais/ne pouvais plus de mots pour écrire ce qu’il en était du monde et la vie. Une série, frénésie pour une autre forme de langage (de vies) est venue ; « il m’arrive de distribuer des papillons ».

Avais-tu mis des mots sur tes collages ? Non, ils proviennent d’un non advenant/advenu de ma parole. C’est un autre geste, peut-être plus physique, mais c’est encore la main qui. Et que ceux soient collages ou phrases et narrations, je fais attention je crois (de ne pas abimer).

Et maintenant (tu fais quoi) ?

Je regarde, par la fenêtre, de ma chambre située au quatrième étage du Bloc 12 de l'entrée E. Le printemps éclate. Il ignore l'humaine condition. Un rossignol chante dans le silence de la ville. Des trilles face à la mascarade du moment.

Je retravaille « inter-confinée » une série de photographies prises en Thaïlande. Déjà je me souviens d’EL et des ELohîms. Chaque mot que j’apprends qu’elle que soit sa langue est une porte, je l’ouvre.

Face à la création il existe toujours une intrigue par rapport à soi-même. Quand il est question de co-création l'intrigue devient peut-être encore plus mystérieuse ?

Oui. Dans un même temps je dirais que c’est l'inverse ; après plusieurs expériences de co-écritures ou davantage écritures alternées, j’ai éprouvé qu’engagée dans un processus avec un autre, je réduis (volontairement) les récursivités et réécritures qui adviennent chemin faisant (volontiers me concernant) dans le souci de ne pas remettre en jeu ce qui a avancé à deux, par deux.

Puis la création échappe à toutes les intentions, à toutes les attentions. Elle part dans le regard de celle, de celui qui écoute, dans la voix de celle, de celui qui regarde. Chacune, chacun apporte sa richesse, sa vie. Elle vogue dans d’autres passions, dans d’autres corps qui l’accueillent, conque dans l’éphémère horizon, offrande à quatre mains. 

Publié dans en revues, en ligne

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