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2012.06.11

in La recherche un voyage ou partir et revenir

chapitre VII, p141-162, in Se former par la recherche en alternance, coll. Cognition et formation, éditions l’Harmattan, 2001

La contribution fait l'objet d'une note dans la catégorie "De face/Accompagnatrice d'écriture/Intervenante"

2011.04.01

2001, une écriture (de recherche), affirmation d'une pratique d'accompagnement

seformerparlarecherche.jpeg La recherche, un voyage ou partir et revenir

 

 

 

Corinne Le Lepvrier, in Se former par la recherche en alternance, coll. Cognition et formation, éditions  l’Harmattan, 2001

 

                                                                                                                                            

"Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant été à moi, si j’ose dire, que dans les voyages que j’ai faits seul et à pieds[1]".

 

 

Notre contribution ambitionne d’apporter un témoignage sur ce que recouvre d’apprentissages et de difficultés, l’expérience de la recherche[2] ou celle "d’un engagement dans une démarche de construction de savoirs" selon l’expression de Christian Gérard. Le terme expérience est ici pris dans son acception appropriée, nous semble-t-il, à la situation du chercheur novice ; c’est-à-dire comme "la confrontation à quelque chose de nouveau[3]". Aussi dans ce chapitre, nous tenterons de caractériser l’énoncé "se former par la recherche en alternance". A l'instant où nous rédigeons ce texte, l'expérience s'est mise en distance d'elle même, de telle sorte que notre histoire d’une singulière problématisation est livrée sous une forme conscientisée (un niveau est atteint). L’orientation de notre réflexion se manifestera et se révélera de nature connative –pourquoi apprendre ? quelle intentionnalité ? En outre, nous avons choisi de joindre au terme recherche celui de voyage[4], eu égard à sa qualité à suggérer l’idée d'aventure en pays inconnu avec ce qu’elle suppose de découvertes et d'épreuves.

Dans une première partie de cette contribution, la recherche est comprise comme une situation d’itinérance complexe. Suite à cela nous l’appréhendons comme médiation d’une (trans)formation identitaire. Dans une troisième partie, nous témoignons de l’émergence d’une intuition : l’idée d’une transversalité que nous avons approchéecomme potentialité de transcendance des expériences et des savoirs. En dernier lieu et à la lumière des développements précédents, nous proposons quelques éléments susceptibles de servir une réflexion sur l’accompagnement[5] du chercheur dans son voyage.

Deux préambules initialisent notre développement. Ils se distinguent par leur finalité. Le premier est témoignage et demeure un énoncé de l’ordre de l'éprouvé. Le second spécifie les épistémologies dans lesquelles nous nous inscrivons fondamentalement, ainsi que les fondements de notre position. L’ensemble nous permet d’énoncer d’ores et déjà et de manière heuristique ce que nous nommons la recherche et se former.

 

Préambule 1

Le savoir, une matière continûment première,

La recherche, une histoire sans fin

 

La recherche que nous avons effectuée nous a amené à éprouver que la transformation opérée sur des données et des énoncés – que celle-ci résulte d’une logique analytique ou d’une démarche de complexification – est une activité sans aboutissement et sans fin. Nous avons continuellement éprouvé (et encore aujourd’hui) le sentiment de n’atteindre jamais un épilogue, mais de se rapprocher au contraire un peu plus chaque jour d’un commencement et d’une envie ; comme si un appétit ne se comblait pas. Aussi, avons-nous compris et considérons-nous aujourd’hui que le savoir quel qu’il soit est une matière première inévitablement composite et imparfaite, continuellement actualité et potentialité. Ainsi en sera-t-il également de la recherche. L’univers des savoirs serait un milieu de vie dans lequel la notion d’achèvement n’a pas de place ; ce qui interroge en outre le sens de l’acte d’évaluation d'une démarche de construction de savoirs. Et faire une recherche s’apparenterait à s’aventurer (se hasarder, s’exposer) dans cet univers. Or, l’exigence de présenter un jour le fruit de sa recherche instaure l’épreuve d’un arrêt, car une reconnaissance se joue. Celle-ci, en tant qu’acte partagé, (ré)introduit dans l’histoire de la recherche, l’inéluctabilité d’un temps hétéro-référent. Nous voulons parler du temps chronologique ; ce qui le distingue de la temporalité toute singulière du chercheur. Ce temps est incarné par l'autre, seul capable de prescrire un terme. Il se révèle aussi être l’ancrage au monde dont celui qui se forme par la recherche a besoin, au risque d’un égarement.

In fine, être engagé dans une recherche c'est vivre en quelque sorte en un temps accéléré. Ce serait faire l’expérience d’un chemin que l’on poursuit et de la destination qui n’existe pas ; comme monter dans un train que l’on quittera avant qu’il ne s’arrête ; et suspendre sa recherche, ce serait mourir un peu. Seules, une intentionnalité réduite et l’acceptation de l’inopérabilité d’une quelconque complétude[6], recèlent-elles les germes d’un accomplissement. Pas plus que la vie, la recherche ne peut être projet. Le savoir tout comme l’existence est une matière continûment première. Eprouver ce savoir, nous l’avons (ré)expérimenté au cours de notre recherche.

 

Préambule 2

Se former par la recherche, une situation (re)constructiviste

 

Nous appréhendons aussi bien l’acte de la recherche que celui de se former en tant que situation. La sociologie interactionniste[7] – perspective dans laquelle nous nous inscrivons – définit la situation comme la réalité telle que l’acteur la connaît et la construit. En effet, la recherche est bien cette "chose" problématisée et travaillée par un chercheur-acteur à travers les interactions multiples qu’il entretient avec son (ses) terrain(s). En cela, elle procède d’une construction de systèmes de significations[8], énactive de la nécessité et de la capacité toutes singulières du chercheur à comprendre un phénomène ou un objet. L’acte d’interprétation[9] y trouve donc une place centrale, et reste selon nous – nonobstant la fabrication d’un procédé d’objectivation – intimement relié à l’implication du chercheur ; c’est-à-dire à la manière dont il est "partie prenante dans l'affaire". C'est alors admettre que la recherche est un construit social. Et le principe de processus ici évoqué fait apparaître le "versant" constructiviste de notre position épistémologique. En effet, les hypothèses et les enseignements formulés progressivement par le chercheur qui se forme ainsi que les difficultés qu’il rencontre, construisent l’accomplissement de la recherche. Le chercheur crée alors lui même l’outillage épistémo-méthodologique dont il a besoin[10], de telle sorte que cet ensemble constituera une réponse génératrice de (trans)formations pour lui. La situation de recherche est reconstructiviste.

Ainsi, à travers l’articulation[11] des perspectives interactionniste et constructiviste et afin de clore ce double préambule, nous nous autorisons à définir la recherche comme compréhension et énoncé en train de se faire qui s’actualisent et se potentialisent par divers processus d’adaptation et de construction. Et nous définissons se former comme suit : se former est une situation (somme toute rare) durant laquelle est saisie et s’expérimente l’opportunité d’une auto-détermination du développement d’un propos, et au delà de soi[12].

 

 

I – Se former par la recherche, une situation d"itinérance" complexe

 

Le néologisme "itinérance" nous semble éclairer la situation de recherche. Car si le terme itinéraire évoque l'idée de route et de balises préétablies à suivre, celui d'itinérance a contrario suggère la migration et le déplacement permanent. Par ailleurs, la problématique de la recherche peut se lire dans la perspective de la complexité[13]. Celle-ci est ici conçue dans la mouvance de Jacques Ardoino ; c'est à dire " non pas comme une propriété des objets, mais comme une qualité des regards portés sur eux, dans le rapport impliqué que le chercheur-sujet-auteur entretient avec ces objets[14]". C’est à cet endroit que nous opérons la conjonction de la complexité et de l'itinérance, en cela que cette "qualité de regard" connaît intensément la migration ; ce qui nous a amené précédemment à formuler l’expression une histoire sans fin. Notre position est aussi illustrée par Karl-R. Popper quand il nous dit : "Nous devons nous contenter d’améliorer indéfiniment nos approximations[15]". Ainsi à chaque instant dans un espace in-stabilisé, et cela afin de construire son objet, le sujet en recherche est au cœur d'une situation d'itinérance complexe.

Dit autrement, la recherche est lieu de complexités ; en cela que le lieu est tout à la fois "l’endroit où" (le creuset), "ont lieu" (s’accomplissent) des processus complexes, et que là "il y a lieu de" (il est opportun) complexifier[16]. Ce sont aussi les notions de récursivité et de réversibilité qui se manifestent pleinement, et qui nous autorisent à qualifier la recherche de situation d’itinérance complexe. De plus, les interactions du chercheur au(x) temps composent une autre forme de complexité que nous proposons d'aborder.

 

11 - Assumer des temporalités enchevêtrées

 

Nous pourrions dire les difficultés inhérentes à la recherche dans une optique chronologique : travail d’exploration de réalités et de concepts, travail de distanciation, travail de production des moyens méthodologiques et épistémologiques, travail d’analyse et/ou de modélisation, travail d’écriture. Cependant, nous pouvons affirmer que ces étapes, dans le cadre de notre recherche de DESS, nous ont habité sans véritable disjonction.

En effet, la nécessité de composer, de manière continuée, avec différents temps et temporalités exogènes ou endogènes s'est imposée (ou construite). Par exemple la démarche du chercheur qui s’apparente à une histoire, ne peut coïncider avec les temps et les histoires dans lesquels s’inscrivent les situations qu’il tente de comprendre. Ainsi la réalité étudiée échappe en quelque sorte au chercheur. Ce phénomène s'est probablement révélé d'autant plus prégnant que nous cherchions à approcher une posture d'implication compréhensive[17] associée à un modèle d'élucidation hypothético-déductif. Ici, nous serions tenté de lier notre propos à la notion de "hiérarchies enchevêtrées" (temporelles) de Jean-Louis Le Moigne – à laquelle Christian Gérard fait référence plus loin en reprenant les travaux de Jean-Pierre Dupuy.

 

12 - Des mouvements à maintenir

 

En apparentant notre histoire d'une singulière problématisation à une "itinérance", nous posons qu’il y est question de mouvements à maintenir. Effectivement, divers lieux et niveaux de rencontre avec la différence et l’altérité se construisent chemin faisant, invitant le chercheur à une mobilité protéiforme. Au-delà de changements exogènes (faits intervenant sur le terrain de la recherche), des mouvements internes au chercheur se produisent : tels que celui qui fera apparaître sur "le devant de la scène", de plus en plus de scénarios, d’acteurs, de décors, d’effets, d’histoires, etc. Certes, une appréhension s’accroît et s’élargit. Néanmoins, se déplacer au sein de territoires, de positions, d'interprétations, suppose pour le chercheur de maîtriser l'espace-temps qu’il construit – le mythe de Frankenstein[18]. Se mouvoir tout en saisissant les mouvements qui animent se révèle être un enjeu de la recherche. La posture de celui qui s’observe observer s’associe à la conduite d’un double mouvement ; capacité que nous pourrions qualifier de niveau méta[19] et qui ne s'apparenterait pas à l’analyse réflexive, puisqu'il est ici question de mouvements non pas successifs mais synchrones.

 

 

II - La recherche, médiation d’une (trans)formation identitaire

 

Notre observation de quelques démarches de recherche, en tant que pair au sein du groupe de DESS, nous amène à considérer que la recherche est aussi ou avant tout une création. Car la création, trivialement, s'alimente de l'ensemble d'une identité ; et cela s'avérera d’autant plus que la position du chercheur est impliquée. Cette position est confirmée par Jean-Louis Legrand lorsque qu’il énonce qu’"il s'agit là d'une aventure au sens fort du terme, une aventure de création[20]". A ce point nous avançons que la recherche est médiation d'une (trans)formation identitaire. Nous éclairons cette hypothèse en nous appuyant sur la notion d'intégration, puis sur la métaphore d'une dialectique qui se logerait entre "rompre avec soi-même et "se continuer" ; enfin sur l'hypothèse de la quête existentielle.

 

21 – le "franchissement" d’une forme d’intégration à une autre

 

La recherche est une aventure où il est question d’intégrations. Un double processus est à l’œuvre : celui d’une part d’une intégration au sens courant d’une réception, et celui d’autre part du développement d’une appartenance à des mondes.

En effet, le chercheur rentre en contact avec des données, des représentations, des sentiments éparses où la contradiction trouve largement sa place. L’immersion prolongée dans un terrain, terreau d’interactions, d’observations et d’écoutes multiples, établit les conditions d’un apprentissage progressif. Une compréhension de structures, de situations et d’enjeux (ce qui est en jeu) se développe. La capacité s’élargit à entendre l’autre (organisation, individu), à recevoir les significations accordées par des individus à l’évolution de leur environnement, à retenir leurs difficultés, leurs "visions du monde", leurs (inter)-subjectivités, etc.

Par ailleurs, celui qui se forme par la recherche interagit avec un monde qui lui préexiste et dont il ne fait pas partie (chercheurs, paradigmes, connaissances…) ; un monde qui se donne (se cherche) par prolifération. La recherche propose un accès à des réseaux d’objets construits et stabilisés dont l’impasse d'une intégration (partielle) est inenvisageable, au risque pour le chercheur de maintenir son illégitimité à s’exprimer et à être intégré au monde de la recherche.

Devenu en quelque sorte un "buvard" imprégné de "mondes" et surchargé d’un corpus de percepts et d’affects, la nécessité s’impose alors au chercheur de parvenir à réifier ces éléments ; trivialement nous dirions "absorber" le monde et s’en "débarrasser". En référence à Jean Piaget, nous convoquerions les notions d'assimilation-accommodation[21]. Une auto-éco-ré-organisation[22] représentationnelle et cognitive continuée est à l’œuvre, qui ne s’opère pas sans essoufflements et pauses réparatrices périodiques. Ce qui interroge en outre la limite de l’interpellation provoquée par la rencontre avec l’autre (savoir ou individu) et qui pourrait conduire à définir une zone potentielle d’intégration du chercheur.

On peut observer qu’un glissement progressif s’opère d’une démarche de consommation vers une démarche de production de savoirs; une transition de la primauté d’une cognition définie comme "ce qui est connu" à la primauté d’une cognition définie comme "capacité à connaître" ; comme si un potentiel à advenir de la connaissance se développait. Nous éprouvons que cette évolution incarne le passage d’une intégration au sens d’une absorption de l’environnement à une intégration au sens d’une appartenance à la communauté des personnes légitimées dans leur activité de production de savoirs.

 

2 2 - Entre "rompre avec soi-même" et "se continuer"

 

En relation avec ces divers "mondes", le chercheur se (re)crée une aire d’existence (cognitive, symbolique, identitaire) dont les contours se dessinent à travers ce qu’il choisit progressivement de définir (temporairement) comme étant "en dedans" ou "en dehors" des limites de ce qu’il regarde, de ce qu’il écoute, de ce qui compte, de ce qu’il comprend – le poids du déterminisme n’étant pas écarté. Afin de parvenir à construire une problématique, l’aventure s’accompagne du deuil d'une totalisation – ambition de compréhension (a contrario de l’analyse) et ambition de totalisation se révèlent être reliées. Cela pourrait vouloir dire : une histoire où l’on éprouve (une fois de plus) qu’il n’y a pas de choix sans pertes ; une histoire entre "construire son inadaptation" et "construire des compréhensionsrestées en attente d'existence", une histoire entre "rompre avec soi-même" et "se prolonger".

 

221 - Construire son inadaptation

 

Quiconque réalise ce voyage, produit en quelque sorte par lui même et pour lui même sa propre inadaptation à son monde social quotidien et ordinaire. L’expansion de l’espace des appréhensions, des savoirs et des possibles enfante des zones de "trous" et de manques. Il y a rupture de la réalité. Des écarts émergent. Dans l'instant, il les ressent sans comprendre. Nous savons aujourd’hui qu’il y a les écarts que le chercheur construit ; les écarts liés à la pluralité et à la diversité des temporalités et des espaces investis (ici, ailleurs, autrement…).

L’écart est aussi dans l’évolution des regards portés. Un jour, ce ne peut être que dans les écarts produits qu’une place (nouvelle) se cherche. En effet, la plus remarquable des rencontres est celle qui se (re)joue avec ses mondes habituels (sphère professionnelle, sphère intime) ; mondes ignorés de manière singulière et sur lesquels un nouveau regard est posé et une autre compréhension élaborée. Un déplacement de perspective (semblant) irréversible s’est opéré. Des plis[23] se sont défaits, dirait Jacques Ardoino. Corrélativement, sentiments d’écart, d’inadaptation et de discontinuité s'éprouvent ; à la quête d’une manière renouvelée ou similaire d’être à des mondes qui étaient les siens. De nouvelles "transactions" quotidiennes transforment les liens d'appartenance. Celui qui se forme par la recherche vit quelque chose qui s’apparente à "rompre avec soi-même".

Par ailleurs être compris, c'est être saisi. Or, progressivement et insidieusement, une illisibilité et une incompréhension à l’égard de ce qui est formulé par le chercheur, grandit. C’est également vrai de la part de l’accompagnateur du chercheur. Un jour, les dynamiques cognitives et psychologiques qui animent le chercheur, échappent à la compréhension, même des êtres proches. C’est seul que le chercheur termine son voyage, seul avec ce qu’il crée. C’est entouré de la valeur (toute relative) qu’il s’accorde, qu’il parvient (peut-être) à poser un terme.

 

222 - Construire des compréhensions (restées) en attente d'existence

 

La recherche est ouverture sur la diversité extrême des objets et des regards qui tentent de les comprendre. Au delà des consensus cognitifs posés, une opportunité est saisie d’une exploration heuristique de "mondes" intérieurs et extérieurs. Du fait de l’intense mobilisation des ressources incorporées[24] qu’il engage, le chercheur prend conscience d’une intelligence singulière ; il se découvre comme il découvrirait un autre, en observation (parfois étonnée) des potentialités en présence ; où l’on se (re)trouve.

De plus, chemin faisant, des questionnements spécifiques se ravivent ; le contact avec des auteurs et des savoirs est renoué. Quelque chose se prolonge qui avait déjà démarré. Rechercher, c’est chercher à nouveau. Une histoire (sans fin), suspendue comme "une partie remise" reprend son cours ; celle de préoccupations cognitives et de constructions de compréhensions (restées) en attente d'existence par le chercheur-sujet (engagé dans une vie professionnelle, etc...). En ce bouleversant prolongement, le chercheur se réconcilie en quelque sorte avec lui-même.

 

Ainsi, entre "rompre avec soi-même" et se "continuer", entre "s’éloigner de soi-même" et "s'en rapprocher", une dialectique se (re)joue. Ce qui nous invite à évoquer Claude Dubar définissant le principe d’une double transaction inhérente au processus de socialisation et d’individuation : "le compromis de soi avec son antériorité et le compromis de soi avec l’autre[25]".

 

23 - Ecrire et se créer

 

Le processus auto-formatif de l’écriture (praticienne) a fait l’objet de multiples recherches. Ecrire de manière continuelle contribue à identifier ses propres terrains (pré)occupés et ses manques. L’écriture serait moyen de "s’étendre" et prolongement de soi. Ainsi Louis Aragon écrivait : "Je crois encore qu’on pense à partir de ce qu’on écrit et pas le contraire[26]". Comme s’il nous était alors (rendu) possible d’esquisser l’arbre singulier de nos positions, de nos racines, avec ses branches et ses ramilles dispersées et parfois égarées dans le ciel.

En revanche, c’est aussi parce que l’acte d’écriture est un acte de réduction – position étayée au chapitre suivant – qu’il permet la création de soi. Pour tout dire, comme l’affirme Georges Lapassade : "En produisant des textes que je veux clairs, ordonnés et construits à partir d’un chaos originel, je produis pour moi-même une certaine unité, jamais achevée[27]". La désorganisation est dès lors envisagée comme composante d'une heuristique créative. Néanmoins, il importe au chercheur d'être attentif à l'évolution de cette désorganisation (intellectuelle et identitaire) car la question de son taux[28] et de la survie est posée.

 

231 - La dernière écriture ou le coût de l’aventure

 

Nous avons intensément éprouvé la difficulté à restituer notre travail de recherche, nous contraignant à des arrangements de propos et de réécritures successifs ; cela d’autant plus fortement probablement que nous ambitionnions de restituer l’histoire de la recherche, et de mettre ainsi en évidence les récursivités qui s'étaient opérées "chemin faisant". En fait, une problématique transverse à notre recherche s’est construite. Elle se pose en ce questionnement : comment rendre compréhensible une compréhension d’un phénomène et l’intelligibilité (élaborée elle aussi chemin faisant) qui a voulu l’appréhender ? A dire vrai, la démarche du chercheur novice est aussi objectivée par la résolution d’une inquiétude : que restera-t-il de visible de tout cela ?

Après avoir (longtemps) éprouvé un sentiment de l’ordre d’une expansion ou d’une "dilatation", nous avons ressenti lors des dernières écritures, un sentiment de l’ordre d’une séparation et d’une "rétractation". En effet, si la démarche de la recherche nous autorise à nous frayer un chemin hors des sentiers battus (dans le paysage des savoirs et des compréhensions) et même à nous y perdre, l’exigence d’une exposition impose en revanche de recouvrer des chemins déjà tracés – par ceux qui nous "précèdent" : les épistémologies, les connaissances. Mais la dernière écriture est aussi celle qui contient celui qui nous "suit" puisqu’elle est intention de communication. Au cœur de cet entre-deux, quel est donc l’espace potentiel pour la formalisation d’une "com-préhension" ? A ce point, nous avançons que l’écriture pour l’autre, force l’"ex-plication". Ce que "prend"le chercheur "avec" lui dans une expérience de l’ordre de la fusion, s'"ex-trait" et se sépare de lui lors des dernières écritures. La séparation est le coût pour être compris, cette aventure se révèle être une aventure de procréation. Et nous pourrions interroger l’existence de l'expression si utilisée : "donner à comprendre".

En revanche, c’est effectivement parce qu’elle est portée par le désir de se faire saisir par l’autre, que la dernière écriture limite l'éclatement du chercheur et son isolement.

 

232 - Ecriture et identité, entre singularité et conformité

 

Lorsqu’à la recherche d'une expression plurielle, l'écriture s’est construite comme un système dans lequel différents niveaux de sens et de formes coexistent, une interrogation s’est manifestée : comment construire la dualité interactive entre la dimension compréhension – ce qui est pris en compte et compris par le chercheur – et la dimension compréhensibilité – ce qui est écrit dans la perspective de potentialiser la capacité de l'autre à comprendre (et qui constitue en fait une hypothèse) ? A cet endroit, une dialectique s’est travaillée. Elle nous conduit aujourd'hui à formuler une position.

Tout écrit est en rapport à d'autres écrits, en rapport à des implications et à des autorisations. En cela, une opacité se construit corrélativement à toute entreprise de lecture et de compréhension. Alors, en un double compromis entre le respect de soi – la création d'un propos idoine à la compréhension élaborée – et le respect de l’autre – la création d’un objet compréhensible –, entre hier et demain, une place se construit pour un savoir (relativement) nouveau ainsi que pour le chercheur lui-même. En cela, nous considérons l’écriture de l’ordre d’un affrontement au présent au cours duquel l’identité se (trans)forme Affronter l’angoisse de la trahison fait aussi partie de l’aventure puisque l’écriture procède somme toute d’opérations de traduction[29].

In fine, une évidence s’est (ré)apprise par l’écriture, en cela que n’existe que partiellement ce qui ne peut être compris par un autre. Nous en convenons aujourd'hui plus qu’hier mais indubitablement insuffisamment. Entre la singularité (d’un propos et d’une identité) qui interpelle et la conformité qui éclaire, s’inscrivent les limites d’une recherche et d’une existence. Comme le suggère André de Peretti reprenant et éclairant la thèse hégélienne, "il faut que chacun aille le plus loin pos-sible dans sa singularité, pour pouvoir rejoindre l’universalité [30]". Nous avons le sentiment d'avoir effleuré un tant soit peu ce projet.

 

24- Le sens de la recherche :quête existentielle

 

Nous avons observé l’énergie considérable déployée par l’individu qui se forme par la recherche. Par ailleurs, nous avons à maintes reprises discerné le lien (hypothétique) qui l'unit à son objet spécifique de recherche. Le sujet chercheur et l'objet de recherche apparaissent comme deux émergences indissociables. Comme le souligne Edgar Morin, "il n'y a d'objet que par rapport à un sujet qui observe, pense, et il n'y a de sujet que par rapport à un environnement objectif qui lui permet de se reconnaître, de se définir, de se penser, mais aussi d'exister[31]". L'objet de la recherche constitue pour un temps cet environnement objectif.

A ce point nous avançons qu'une quête existentielle s'accomplit. Celle-ci constituerait l’élément central de motivation du chercheur, la motivation[32] étant ici acceptée au sens de Sandra Bellier. Il y aurait dans l'engagement du chercheur se formant, une aspiration à un "bénéfice" en terme de fabrication de sens pour soi ; connaissance par soi, connaissance pour soi, connaissance de soi.

Le langage courant définit la médiation comme "entremise destinée à mettre d’accord, à réconcilier des partis". La didactique la reconnaît comme "le fait de servir d’intermédiaire", et la philosophie comme "processus créateur par lequel on passe d’un terme initial à un terme final". De notre point de vue, l’ensemble de ces acceptions nomme précisément la situation de recherche. En effet, par cet intermédiaire que devient le travail de la recherche, le sujet s'engage dans des rapports sociaux, cognitifs et psychologiques, où les questions cognitives et affectives héritées de son histoire se représentent et se rejouent. Un "écho" symbolique (ré)apparaît qui introduit au cours de la recherche la mobilisation de l’ensemble des processus identitaires.

Toutefois, si une intelligence d'être au monde s’est reconstituée avec certitude, il nous semble qu'il faille trouver sa jonction dans un agir, et cela afin que la quête "aboutisse". Une transformation par une mise en acte est pressentie comme une nécessité, dont nous n'avons pas à l'heure d'aujourd'hui discerné le contexte (social) d'ancrage ; d’où probablement le sous-titre de cette contribution : partir et revenir, et le sentiment d'avoir (aujourd'hui plus qu'à tout autre moment de notre recherche) besoin d'être accompagné.

 

 

III - L'émergence d'une intuition : la transversalité, potentialité d’interpellation et de transcendance

 

Nous avons éprouvé la frustration de ne parvenir que très partiellement à construire une compréhension et un propos qui puisse rendre compte de l’"épaisseur" inhérente à tout phénomène (la dimension temps par exemple, en outre transversale à toute situation de vie ). Car la vie n’existe pas à l’état de plan, celle des savoirs non plus. Or, même la feuille de papier est inappropriée à l’exposition d’un raisonnement pluridimensionnel. Des dimensions supplémentaires et des espaces annexés viennent à manquer.

Au fil de nos lectures, nous avons (intuitivement) saisi un ensemble de propositions[33] comme recelant un fort potentiel à questionner les savoirs que nous avions déjà élaborés. Ce qui montre en outre que quiconque, porté par un dessein, est capable de repérer dans l’immense champ des possibles et de manière auto-dirigée, les moyens de sa réalisation. Ces schèmes, en quelque sorte "interpellateurs", que nous devons à René Barbier, nous ont engagé à composer d’autres significations. Une dimension ou une transversalité est "venue" percuter, tel un angle, et altérer nos conduites habituelles d'arrangement et d'articulation de données. Celle-ci nous a conduit à réunir des éléments que nous pensions disjoints et à morceler des blocs de savoirs que nous pensions intrinsèquement liés ; entre lesquels n’existait plus le jeu qui permet le mouvement. La résultante de ce phénomène cognitif nous semble participer d'une extension et d'un développement de la compréhension que nous cher-chions à construire ; comme si d'état de plan, un volume se formait. Ajouter à une horizontalité et à une verticalité une troisième dimension, une transversalité ; ce serait déjà s'approcher d'un volume.

De la sorte, cette expérience constitue notre découverte intellectuelle la plus forte : l’approche (jusqu’alors approximative) d’une transversalité comme creuset d’interpellation et de transcendance. Le savoir "soumis" en quelque sorte à une transversalité, voire des transversalités, s'enrichirait de la sorte.

Dans le prolongement (certes rapide), si l’accompagnateur est avant tout cet autre, "interpellateur" – nous le définissons comme tel à la page qui suit – , nous pouvons conjoindre la transversalité et l’auto-accompagnement en cela qu’une transversalité auto-construite, interpellatrice des interprétations et des savoirs qui s’élaborent, devient accompagnatrice. Et pour revenir à la généralité de notre contribution, nous pourrions tout autant dire de la transversalité qu’elle est potentialité de médiation et de développement d’un propos, que la recherche est potentialité de médiation et de développement d’une identité.

Ce qui vient d’être exprimé nous amène en outre à envisager un questionnement épistémologique approfondi des sciences de l'éducation et une recherche sur la "notion" de transversalité[34]. Nous avons aujourd'hui la préoccupation de travailler notre intuition : la transversalité comme potentialité d'interpellation et de transcendance. Aussi, au-delà de la formule de Jean-Louis Legrand : "la bonne distance épistémique n'existe pas[35]", nous imaginons pouvoir tenter d'appré-hender la conception d'un "volume" épistémologique – le volume de vue crée l'objet.

 

 

IV - L’accompagnement du chercheur lors de son voyage

 

Notre contribution a mis en évidence que la recherche est création et nous ajoutons ici qu'il n'y a pas de création sans agitation. La problématique de l'accompagnement d'une recherche s'apparente alors à l'accompagnement du chercheur au cours de cette agitation.

Par ailleurs, dans le cadre de notre recherche de DESS, nous avons caractérisé l’accompagnement comme une situation éducative, au cours de laquelle il s’agit d’inventer avec l’autre des médiations progressives. L’exploitation didactique de la tension générée par le conflit dehors/dedans en constitue le fondement pédagogique. Nous avons aussi défini une conduite d’accompagnement que nous nommons "l’interpellation", et que nous soumettons au regard des enseignants-chercheurs accompagnateurs de démarches de production de savoirs. L’accompagnateur serait cet interpellateur qui par sa présence suscite un écho ; capable de susciter et d’entendre des discontinuités cognitives, des écarts identitaires, l'histoire d'une recherche.

L'interpellation  procède de huit fonctions.

"présence" ; donner de l’écoute et du partage dans le cadre d’un espace-temps synchrone, apporter un regard bienveillant,  soutenir la production de la parole,

"valorisation" ; légitimer les questionnements, les approches, les compétences singulières,

"interposition"; interposer – poser quelque chose entre deux choses (hier et aujourd'hui, ici et là-bas, les expériences et les projets à venir…),

"miroir" ; apporter une visibilité sur ce qui se construit et se transforme,

"praxéologie" ; donner à réfléchir ses implications, ses pratiques, travailler le recul critique et réflexif, soutenir les comportements d’explicitation et de formalisation,

"focus" ; donner à contextualiser ou à "zoomer", soutenir la mise en problématisation,

"prisme" ; donner à voir et à lire autrement et pluriellement.

 

 

 

Conclure

 

Il y aurait dans l’idée de se former par la recherche, l’idée de transcender que nous définissons comme le fait d’aller au delà de l’expérience, des savoirs formels et nous rajoutons au delà des déterminismes. A cet égard, le terme se (trans)former nous semble donc plus apte à illustrer ce qui se réalise lors de ce voyage. Nous ne sommes pas très loin de l'idée de transgression, celle d'avoir trop longtemps concédé et "négocié" avec les modèles éducatifs perpétués (école, entreprise) et de saisir la liberté presque vitale de dire autre chose autrement. Transgression et angoisse ont fonctionné de paire, et la question de la légitimité est plus encore présente aujourd'hui à l’écriture de cette contribution.

Nous avons envie de dire afin de clore ce chapitre, que ce qui est vécu pendant une recherche est profondément en lien avec l’histoire et l’existence humaines. L’expérience de la recherche est de l’ordre de la séparation, de l’écart, de la fusion, de la solitude, de la (re)naissance. Les angoisses existentielles y trouvent leur place : celle de ne rien dire qui n’ait déjà été dit et alors de ne pouvoir exister ; l'angoisse de ne pouvoir (re)trouver au cours de l’épreuve une "cohérence cognitive" qui permette de suspendre le travail de modélisation et d’atteindre de nouveau une quiétude (temporaire) ; enfin l'angoisse de ne pas être compris au terme du travail d’écriture.

Le temps et l’espace d’une recherche constituent un espace-temps d’accélération du processus de construction de soi. On découvre des mondes qu’il est (enfin) possible d’investir en partie et pour un temps. Un territoire, en l’occurrence notre capacité de lecture s’élargit avec une amplitude qui nous semble, au bout du voyage, somme toute minime. La sensation éprouvée est tout de même celle d’avoir pris de "l’ampleur". Une identité s’est actualisée et potentialisée[36]. Car, "comprendre, c'est se saisir interpellé par des possibilitésd'être.[37]" souligne Jean-Louis Legrand. Dit autrement, accroître le volume de sens que nous prêtons à un objet du monde, c’est aussi accroître le volume que nous nous accordons à nous-mêmes.

C’est un moment (pour certain, le moment) où l’on prend la parole, une parole (probablement) maintenue jusqu’alors dissimulée, tout autant pour soi que pour les autres ; qui s’est renouvelée tout en restant cependant finalement fondamentalement elle-même. Car la recherche aboutie à une (re)-production de soi-même. Là, réside la souffrance du chercheur[38]. Là, résident les limites de se former par la recherche professionnelle. Comme tout voyage, l'expérience est unique et inédite…, mais l’on revient à son pays…, ou peut-être fallait-il un jour (s’autoriser à) partir pour pouvoir revenir ; s'autoriser[39], c’est devenir un peu plus l'auteur de sa propre vie.     

 

 

"Il me faudra de nouveau voyager, je le sais déjà."



[1] Rousseau (J-Jacques), 1962, Confessions, IV. Pléiade, p.162.

[2] Nous prenons ici appui sur une recherche de DESS, Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées, réalisée en 1998-2000. Il s’agit plus précisément du SIFA, Stratégies et Ingénieries en Formation d’Adultes.

[3] Définition Le Grand Robert.

[4] "Déplacement qui conduit à un endroit relativement éloigné". Cf. P. Foulquié, 1971, Dictionnaire de la langue pédagogique, Paris, PUF, p. 481.

[5] Notre recherche de DESS portait sur l'accompagnement au travers du titre L'accompagnement en expérimentation à France Télécom : d'une compréhension de son contexte d'émergence à une intelligibilité. Celle-ci projetait de traquer le sens dans ce qui constituait, selon notre hypothèse première, "un allant-de-soi" organisationnel (selon l'expression de Jacques Ardoino) : l'accompagnement. Il s'agissait de saisir, dans son émergence, une notion certes pédagogique, mais au-delà politique et instituante (en référence au courant de l'analyse institutionnelle travaillé par des chercheurs tels que Georges Lapassade et René Lourau), forte et assurément pérenne dans l'entreprise France Telecom.

[6] Ce qui constitue un des axiomes de la pensée complexe. "La complexité porte en son principe la reconnaissance d'un principe d'incomplétude et d'incertitude". Cf. E. Morin, 1990, Introduction à la pensée complexe, Paris, ESF, p.11.

[7] Courant de la sociologie américaine fondé à Chicago par George-H. Mead qui accorde une grande importance aux notions de situation, de signification, de sens, d'interaction.

[8] Sous l’angle interactionniste, les significations sont attribuées aux événements (sociaux) par les individus au cours de leurs interactions.

[9] L'étymologie de interpréter, c'est : "prêter entre".

[10] Soulignons que le terme besoin est dérivé de "soin" qui se rattache à "soigner".

[11] Comprise comme Jacques Ardoino, c’est à dire "entendant relier sans toutefois confondre, fusionner ou unifier des éléments reconnus séparés et hétérogènes entre eux". Cf. A. de Peretti et J. Ardoino, 1998, Penser l’hétérogène, Paris, Desclée de Brouwer, p.27.

[12] Notre position s’inscrit indubitablement dans la conception existentielle de l’auto-formation de P. Galvani, R. Barbier, G. Pineau ; l’auto-formation comme processus de formation de soi par soi.

[13] Soutenue par E. Morin, J-L. Le Moigne, J. Ardoino, avec l'hétérogénéité de leurs approches respectives.

[14] Ardoino (Jacques) et Berger (Guy), 1997, Du discours et des faits scientifiques dans les dites sciences de l'éducation, in L'année de la recherche en sciences de l'éducation, Evry, PUF, p.28.

[15] Popper (Karl-R)., 1984, L'univers irrésolu-Plaidoyer pour l'indéterminisme, Paris, Hermann, p.23.

[16]"Complexifier, c’est élaborer une intelligence du désordre pour affiner, étoffer et rendre plus subtil le regard porté sur les phénomènes". Cf. J. Ardoino, La complexité, in Morin (Edgar), 1999, Relier les connaissances-Le défi du XXI ième siècle, Paris, Seuil, p.443.

[17] Consécutive à l'intérêt que nous accordons aussi aux travaux de René Barbier.

[18] En l'occurrence, la question se pose : "Suis-je ici et maintenant dans une aberration de la création ?"

[19] Le préfixe méta est pris dans sa signification "au-delà".

[20] Le Grand (J-Louis), 1998, La "bonne" distance épistémique n’existe pas, Paris, Revue Education Permanente, n°158, p.119.

 

[21] "Double mécanisme qui régit l'interpénétration entre l'organisme et l'environnement : l'assimilation, par laquelle les données extérieures sont insérées dans le cycle propre de l'individu, et l'accommodation par laquelle l'organisme se modifie en fonction des pressions exercées sur lui par le milieu…Ces mécanismes se retrouvent en action au niveau des adaptations cognitives, car celles-ci ne constituent selon Piaget, qu'un cas particulier des adaptations biologiques". Cf. Y. Hatwell, 1996, Psychologie et épistémologie génétiques-thèmes piagétiens, Paris, Dunod, p.128

[22] Concept qui fait encore ici apparaître la pensée complexe. Cf. E. Morin teneur d'une épistémologie qui tente de penser l'auto-éco-organisation du sujet dans l'entreprise de construction de connaissance.

[23] Soulignons que "pli" et "impliquer" ont une même origine étymologique ; "être impliqué" (implicare), c’est "être plié dans".

[24] Terme structurant dans l’ensemble des ouvrages de Guy Le Boterf ; l’auteur opère la distinction entre des "ressources incorporées" et des "ressources environnementales" dont les diverses combinatoires mises en acte en situation professionnelle, produisent des compétences.

[25] Dubar (Claude), 1995, La construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin, p. 58.

[26] Aragon (Louis).

[27] Lapassage (Georges), Les cahiers de l’implication, n°2, 98/99, Paris VIII université, p.49.

[28] Nous nous autorisons à emprunter la notion de taux de désorganisation au sociologue Norbert Alter, et à la transposer à l’endroit de l’identité individuelle. Cf. "le taux de désorganisation et la question de la survie de l'entreprise", N. Alter; 1990, L'évaluation, Revue Connexions, n°56, ARIP, p.154.

[29] Précisons que "traduire" vient du latin "traductore" qui signifie trahir.

[30] Ardoino (Jacques) et de Peretti (André), 1998, op Cit, p.19.

[31] Morin (Edgar), 1999, Introduction à la pensée complexe, Paris, ESF, p.56.

[32] "La motivation est le moteur intérieur propre à chacun, ressenti comme un ensemble de désirs, de plaisirs, d’aspirations, permettant de développer une image positive de soi-même et conforme à ce qu’on pense qu’il faut faire pour réussir sa vie", Cf. S. Bellier, 1997, Peut-on gérer les motivations ?, Paris, PUF, p.161.

[33] En l'occurrence les quatre perspectives d’action (recommandées par l’auteur au psychosociologue et au chercheur) : "reconnaître le principe d’autonomie relative", "ouvrir l’institution", "légitimer les différences", "reconquérir le symbolique", "assumer le conflit". Cf. R. Barbier, 1997, L’approche transversale-L'écoute sensible en sciences humaines, Paris, Anthropos, p.23.

 

[34] Nous projetons de réaliser une thèse de doctorat en Sciences de l’Education, dont la problématique n'est pas encore définie. Le grand intérêt que nous accordons aux travaux de chercheurs tels que Jacques Ardoino et René Barbier augure des positionnements épistémologiques ; la convocation des notions de multi-référentialités, de reliance, d'implications, de temporalités, de complexités hétérogènes, d’advenir. Guidé par les préoccupations de conjoindre des réceptivités plurielles et hétérogènes et de légitimer la rencontre du raisonnement, de l’intuition et de l'intime, nous avons le désir de : 

- contribuer à l'émergence actuellement en cours dans la construction de la connaissance en sciences de l'éducation, d'une reconnaissance des temporalités, des intersubjectivités, de la reliance sous de multiples formes.

- construire les reliances entre transversalités, implications et (auto)-accompagnements, et d'étudier l'influence d'une transversalité sur une zone potentiel de développement de l'objet de connaissance en sciences de l'éducation…une transversalité envisagée non pas comme une trans-disciplinarité homogénéisante, mais comme un volume "interpellateur" et "prometteur" d'hétérogénéités élucidatrices et illustratives.

Il s'agira là d'une recherche qui supposera d'appréhender en premier lieu l'état des approches et des considérations théoriques ayant à voir avec l'interdisciplinarité, la pluridisciplinarité, la multi-référentialité ; étant entendu qu'"il existe indubitablement des transversalités qu'il conviendra de positionner les unes par rapport aux autres en fonction de leurs altérités historiques, anthropologiques et épistémologiques". Cf. J. Ardoino concernant les complexités, op cit, p.450.

[35] Legrand (J-Louis), 1998, op cit, p.109.

[36] Analogie faite à la définition de la recherche que nous construisions en préambule 2. Cf. "compréhension et énoncé en train de se faire, qui s’actualisent et se potentialisent par divers processus d’adaptation et de construction".

[37] Le Grand (Jean-Louis), 1998, op cité, p.112.

[38] Cela n’est pas sans rappeler l’ouvrage d’Alain Ehrenberg, 1998, La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob.

[39] Pour reprendre une notion que Jacques Ardoino affectionne particulièrement après Carl Rogers.

2011.03.16

2011, une écriture en écho*

* à " 2001, une écriture de recherche, affirmation d'une pratique d'accompagnement" ou "La recherche, un voyage ou partir et revenir"

 

 De l'abandon d'une thèse à la poésie

 

 Il me faudra repartir j'avais dit....

 

 

2011.03.02

Autres parutions dans le champs de la recherche ; formation et pédagogie

La recherche : un voyage, ou partir et revenir, chapitre VII, p141-162, in : Se former par le recherche en alternance, éd. L’Harmattan, coll. cognition et formation, 2002. Référencements bibliographiques

in : Actualité des nouvelles ingénierie de la formation et du social, L'Harmattan, 2002

in : La question identitaire dans le travail et la formation, L'Harmattan 2008

in : Pour une œuvre de la complexité en éducation, L'Harmattan 2010